Facteurs imprévisibles
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Un complexe de facteurs totalement imprévisibles aussi bien pour Adam SMITH que pour David RICARDO se met cependant en oeuvre dès le premier tiers du XIXème siècle. Différents « fils rouges » permettraient d’en suivre les détours : lois sur le commerce des grains et libre-‐échange ; lois sur les pauvres ; inventions technologiques et transformations de la structure des firmes. C’est ce dernier scenario que l’on esquisse.
Pour la première fois, l'homme dispose de ressources technologiques telles que les fortunes personnelles ou celles qu'il est possible de drainer au sein des sociétés de marchands ne suffisent pas à assurer l'investissement nécessaire. L'un des débats économiques décisifs du XIXème siècle est celui de la libéralisation de la constitution des sociétés par action.
C'est un débat passionné dans la plupart des pays industriels (Angleterre, Belgique, France, etc.) depuis les années 1840 jusqu'aux années 1870. Lorsque la libéralisation de la constitution des sociétés anonymes par action et à responsabilité limitée est un fait acquis, on découvre rapidement qu'il s'agit d'un formidable instrument de concentration économique. Dès les années 1860, la constitution d'opérateurs économiques d'une taille et d'une puissance incomparable à côté de celle des petits industriels traditionnels est un fait. Rapidement, des voix se feront entendre pour que l'Etat assure un minimum de régulation de la concurrence faute de quoi le risque de voir apparaître des monopoles dérivés semble évident. Les premières législations antitrust ou anticartel datent des années 1890 (Sherman Act, p.ex.).
L’interventionnisme est né.
Un second séisme, à bien des égards de même nature, est celui de la question sociale. Ici aussi il est question de demander à l'Etat d'intervenir pour assurer par des moyens juridiques nouveaux la régulation des rapports privés entre employeurs et travailleurs : à l'évidence la seule liberté contractuelle ne suffit pas à assurer l'équité ou un minimum de justice sociale.
La nécessité d'une régulation par la loi des échanges économiques ou de la question sociale est donc une question inédite qui se découvre et s'approfondit à partir des années 1860, 1880 : tout d'abord, la découverte du fait que la concurrence, loin d'être une régulation naturelle, ne se soutiendra que d'un cadre législatif; ensuite l'urgence de la question sociale et les défis insolubles qu'elle pose.