La pluralité des méthodes en anthropologie
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Si c’est pour l’observation participante que l’anthropologie est connue sur le plan méthodologique, les méthodes d’investigation empirique mobilisées par les anthropologues s’est aussi depuis longtemps élargi à d’autres formes de l’enquête. L’observation s’est faite plus ou moins participante selon les cas et les recherches menées en anthropologie.
Dans les cas d’implication forte, on est allé jusqu’à parler de « participation observant » pour rendre compte de degrés d’implication élevés. Mais dans bien d’autres cas, les anthropologues restent à des formes d’observation qui n’impliquent pas nécessairement une participation importante, ni même significative, dans les situations sociales auxquelles ils assistent.
Les thèmes de recherche pour lesquels il est difficile de concevoir une implication de l’ordre de la ‘participation observant’ abondent, et bien des enquêtes anthropologiques se mènent en suivant au plus près les activités du groupe social, mais sans pour autant que la participation à l’ensemble des activités s’avère essentielle. Une qualité importante demandée à un anthropologue est aussi de savoir « trouver sa place », puisque l’anthropologue qui s’engage dans une enquête de terrain va devoir évoluer sur un lieu qui n’est pas le sien mais celui du groupe social au sein duquel il a une position d’observation.
L’enquête de terrain menée par observation participante et entretiens est toujours faite par un anthropologue singulier, elle ne consiste jamais en une observation ‘brute’ indépendante des intérêts de recherche et des questions que se pose l’observateur. Un certain nombre de dispositifs méthodologiques doivent permettre aux personnes auxquelles est livré le travail de pouvoir en évaluer la robustesse et la plausibilité empiriques.
Parallèlement à l’observation et à l’entretien, les anthropologues ont rapidement commencé à déployer d’autres dispositifs méthodologiques.
En effet, en plus de l’implication dans les situations et les routines de la vie quotidienne qui forment souvent le coeur de l’observation participante, les anthropologues ont depuis longtemps cherché à mettre en place des formes d’observation plus standardisées, permettant de déboucher sur les formes de quantification.
On peut concevoir autant de dispositifs de cet ordre que d’objets de recherche : le relevé des temps de travail moyens d’un homme et d’une femme dans le groupe social peut constituer un indicateur de la division sexuelle du travail et des rapports sociaux de sexe dans ce groupe ; la mesure de la taille des parcelles cultivées peut aider à comprendre les rapports hiérarchiques entre familles ou entre lignages dans une communauté villageoise, etc.
Enfin, il y a plusieurs décennies aussi que les anthropologues se sont convertis à l’usage et à l’exploitation de sources écrites. Les anthropologues en sont progressivement venus, au cours du XXe siècle, à s’intéresser de plus en plus près aux sources écrites qui pouvaient les aider à remettre leurs données en perspective historique. En outre, parallèlement à cet intérêt croissant des anthropologues pour les mises en perspectives historiques de leurs objets d’étude dans les dernières décennies, les anthropologues ont aussi tout simplement eu à faire face à la production d’écrits par les membres des groupes sociaux auxquels ils s’intéressaient.
Ainsi, les anthropologues sont aujourd’hui souvent amenés à adjoindre aux méthodologies classiques de l’observation participante et de l’entretien d’autres types de données qui peuvent de recension, de la consultation de sources écrites (ou audio ou vidéo, etc.) plus ou moins directement lié à leur objet de recherche. La combinaison des données doit se faire dans un esprit d’éclectisme raisonné, chaque type de données étant susceptible d’amener un éclairage spécifique.