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Conclusion !!!

Le président Sarkozy a raison de s’inquiéter du nivellement par le bas, du moins s’il l’entend au sens strict. Et il a également raison de se soucier de liberté. Il a tort par contre de penser que les égalitaristes seraient naïfs au point d’ignorer chacun de ces deux points. En outre la place que Sarkozy serait prêt à donner à la liberté et à l’efficience sera probablement différente de ce que pas mal d’égalitaristes considèreraient juste. Nous avons indiqué combien la grammaire proposée par le langage des égalitaristes laisse le champ une diversité de visions. Comme pour le libertarisme, il est ainsi possible d’en proposer des versions de droite ou de gauche. Mais l’on peut avancer l’hypothèse que si Sarkozy lui‐même pouvait

être décrit comme un égalitariste, il en donnerait une version particulièrement à droite – sans jeu de mot.

Rappelons que ce qui détermine le positionnement des différentes versions de l’égalitarisme sur l’axe gauche‐droite, c’est le degré auquel un égalitariste laissera place aux incitants (égalitarisme du leximin ou classique), le degré auquel il analysera les désavantages comme le résultat de choix ou non, son positionnement quant à la question de savoir s’il convientd’y adjoindre un suffisantisme et si ce dernier doit mobiliser un seuil de suffisance élevé ou non, et enfin le degré auquel il convient de limiter le champ de l’égalisation en laissant une place importante à des libertés fondamentales.

Nous avons aussi montré que la notion d’efficience est loin d’être absente de l’égalitarisme, même si elle s’inscrit dans un cadre précis. Ce souci de l’efficience se marque a trois niveaux. D’abord, il est à l’oeuvre dans le rejet du nivellement par le bas. Mais il faut souligner que pour conjurer ce risque, l’égalitariste ne répond pas par un abandon total des préoccupations distributives.

Il n’accepte en effet d’écart par rapport à l’ég alité que pour autant que ces inégalités soient nécessaires à l’amélioration du sort du plus défavorisé. Ensuite, certains égalitaristes seront aussi tentés de rendre le leximin moins « extrême » en acceptant que l’on renonce à un bénéfice marginal pour le plus défavorisé s’il implique une perte de bienêtre considérable pour les plus favorisés. Enfin, la place accordée à la notion de responsabilité pour nos choix peut être comprise à travers le prisme de préoccupations d’efficience – et en particulier d’incitants à la prudence qui dans bien des cas est efficiente. Qu’en est‐il de la place de la liberté dans une théorie égalitariste. Ici aussi, elle se marque à trois niveaux, même s’ils diffèrent en partie des précédents. D’abord, les égalitaristes se préoccupent de distribution car ils pensent que la reconnaissance de libertés ne peut être que formelle si les personnes ne disposent pas des moyens matériels de les mettre en oeuvre. La liberté d’expression vaut peu de choses si vous n’avez pas les moyens d’atteindre ceux auxquels vous estimez important de parler. Ainsi, les égalitaristes peuvent être décrits comme ayant le souci des moyens de la liberté et d’une égalisation de ces moyens. Ensuite, l’idée de responsabilité pour nos choix peut être interprétée comme la traduction d’une préoccupation pour la liberté d’autrui. Enfin, un égalitariste acceptera aussi généralement une priorité des libertés fondamentales sur l’objectif d’égalisation. Ainsi, même si museler la population s’avérait un moyen efficace de mettre en place une plus grande égalité des revenus, un égalitariste dit « libéral » (au sens américain du terme) refuserait malgré tout la mise en place de tels moyens au nom de la liberté d’expression. Enfin, récapitulons ce que nous avons engrangé pour répondre à nos deux questions de départ. D’abord, pourquoi un égalitariste lutte‐t‐il contre les inégalités? Pour des raisons de justice plutôt que de suspense sportif par exemple. Et pour des raisons de justice qui, soit renvoient au fait que l’égalité comme telle est une bonne chose (égalitarisme classique), soit postulent que dans bien des cas – mais pas toujours – l’égalisation améliore le sort du plus défavorisé (égalitarisme leximinien). Ensuite, quelles inégalités un égalitariste vise‐t‐il à combattre ? Pas celles dont la réduction dégraderait le sort du plus défavorisé (égalitarisme du leximin), ni celles qui sont le fruit de nos choix (égalitarisme leximinien des circonstances), ni celles dont la réduction nécessiterait une atteinte à des libertés fondamentales (priorité des libertés fondamentales).

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