La société moderne – première famille moderne
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C’est ce qu’il va se passer à partir de 1700 (Renaissance – Siècle des Lumières). Attention, il est évident que la révolution qui va se produire s’opère à la fin des années 1700 et elle s’exprime dans trois pays : Révolution Anglaise, Révolution Américaine, Révolution Française : c’est à ce moment là que s’opère la sortie de la société traditionnelle et la création de la société moderne.
La valeur fondamentale de cette société est la liberté : liberté de l’humanité délivrée de la croyance qu’il existerait un ordre et une fatalité des choses d’essence divine ou supranaturelle auxquels on ne pouvait que se soumettre, et liberté de l’être humain individuel, capable, par l’exercice de sa raison et de sa volonté, de définir lui‐même le sens de son existence et de construire lui‐même les modalités et les règles du « vivre ensemble », càd de ses relations avec autrui.
Cette révolution aura plusieurs caractéristiques :
‐ Véritable phénomène de séparation, d’émancipation par rapport à Dieu. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de religion. Ce mouvement est celui par lequel l’homme prend conscience, décide que c’est lui qui sera désormais à la source de la vie, de l’organisation de la vie sociale. C’est désormais l’humanité qui sera la mesure de toute chose. C’est par référence à ce que l’homme veut construire qu’il lui appartient de décider lui‐même le type de société qu’il veut mettre en place (« Contrat social de Rousseau »). Cela sera aussi un facteur de progrès vu que l’homme prend lui‐même son destin en main.
‐ Séparation, dissociation dans le champ des activités humaines : puisque l’homme pense qu’il n’y a plus un principe surnaturel qui nécessairement organise tout le champ social et l’univers, les différents types d’activités humaines ne sont plus ordonnées à un tout global. Elles peuvent se dissocier les unes des autres et peuvent chacune répondre à une logique propre.
o Economie : production et échange des biens. Elle s’émancipe du religieux et elle peut désormais répondre à une logique propre fondée sur l’idée de raison, de progrès.
o Eglise : elle doit se séparer des autres champs d’activité humaine. Elle ne pourra plus ordonner toute la vie humaine et se sépare tout doucement de l’Etat.
o Art : il répond à cette propre logique qui est de produire le beau, l’esthétique, le sensible.
o Enseignement : avec la modernité, on a crée des écoles où on allait enseigner. Dans une société traditionnelle, il n’y a pas d’enseignement, on apprend par immersion (on apprend en refaisant ce que les parents font). D’ailleurs à partir du XVI et XVII, l’école met à part les enfants de la société.
o Politique
Cette société est caractérisée par la posture de confrontation qui est à l’opposé de la posture d’appartenance. On ose affronter le monde et on ne se met pas dans une posture d’immersion. L’homme se dit qu’il va construire le monde ! Les grandes découvertes ont contribué grandement à ce phénomène de dissociation et de séparation tout comme les guerres de religion.
MAIS il y a deux phénomènes qui vont faire en sorte que cette attitude d’émancipation ne sera pas complète ‐ L’homme va continuer à penser que si éventuellement il n’y a pas un principe de nature biblique qui commande à l’évolution humaine, il y a quand même un ordre naturel ou ordre humain des choses qui procède en quelque sorte de la nature humaine et par rapport à quoi l’homme n’a qu’à se soumettre parce que cela fait office de lui. Il y a donc quand même une forme de transcendance. Tous les penseurs de cette époque n’ont pas su s’émanciper à la manière de Nietzsche mais ils pensaient qu’il y avait quand même un ordre du monde et que par rapport à cela, l’homme qui ne se prenait pas encore pour un dieu, devait faire preuve d’humilité et de soumission. Cela a donné à penser qu’il y aurait un droit inscrit dans la nature qui s’imposerait à lui (droit que tous les hommes devraient respecter) = droit naturel. Ce droit naturel a des traces dans tous les champs d’activité humaine. Ex : destin d’une femme était de devenir mère et le destin des enfants était d’obéir (enfant = par nature un être faible)
Si on ouvre les travaux préparatoires du Code Napoléon, on va retrouver presque à chaque page le mot « nature » (« il est dans la nature des choses d’être cela »).
‐ Les hommes vont reconstituer des communautés d’appartenance, càd que les différentes structures dans lesquelles ils vont vivre au quotidien vont être des communautés dans lesquelles ils vont se sentir appartenir et qui leur imposent le sens de l’existence. Elles font sens pour eux. Le sens de l’existence, le destin des hommes est de faire vivre la communauté dans laquelle ils vivent et comme la première des collectivités est la nation/patrie, le premier élément d’identification des êtres humains c’est leur patrie, leur nationalité.
Les personnes se fondent dans une collectivité d’appartenance qui a plus de sens pour eux que leur propre vie. Le collectif est plus important que l’individuel ! Quand on s’inscrit dans cette référence, on considère que l’appartenance à l’église catholique nous définit nous même et qu’on n’a pas besoin de se définir.
Quid de la famille là dedans ?
Elle va de dissocier du tout global. On va commencer à vivre en famille. C’est en premier lieu dans la classe bourgeoise que va se produire ce mouvement de dissociation. C’est pourquoi quand on parle de famille moderne on parle souvent de famille bourgeoise. Ce qui la caractérise c’est typiquement le fait qu’elle se retire en famille. L’habitat bourgeois se mure. On se cache de la vie collective et on organise les pièces de manière à ce que tous les champs d’activité humaine soient séparés les uns des autres. Dans la famille bourgeoise, il y aura la différenciation entre l’homme et la femme. Chacun se sent faire partie d’une collectivité d’appartenance. La famille devient une valeur collective !
Si à l’échelon de l’humanité en générale, c’est désormais la posture de confrontation qui caractérise la vie sociale, à l’échelon individuel, c’est encore et toujours la posture d’appartenance qui va caractériser la manière de vivre. A cette époque là les jeunes gens n’allaient pas eux‐mêmes organisés leur mariage, le mariage allait entièrement être pris en charge par la famille au point d’ailleurs que symboliquement ce sont les parents qui annoncent le mariage de leurs enfants.
Dans ces deux types de famille, on pouvait dire de l’individu qu’il était institué, càd que les institutions sociales disaient comment il fallait se comporter et l’individu n’avait qu’à se soumettre aux règles de l’institution. Les liens familiaux étaient des liens obligés.
= Principe d’autorité : les individus se plaçaient et acceptaient de se placer dans cette soumission à l’autorité.